MASSIMA LOUWOUNGOU

« Ô les croyants ! On vous a prescrit le jeûne comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété »[1].

La fin du jeûne est la piété. La piété est avant tout un état d’âme, une tranquillité telle que celui qui l’atteint vit sur terre tout en y étant presque étranger, parce qu’il se conduit selon les lois de l’Au-delà, sans se soustraire à celles d’ici-bas. C’est ainsi que doté d’une conscience vive des récompenses célestes du jeûne, il répond calmement à chaque agression par une formule déroutante : « je jeûne ». C’est-à-dire « je préserve mon âme, j’éduque mon âme à ne plus être ta marionnette ». C’est entre autres, en cela que le jeûne constitue une barrière. Car, l’âme du croyant doit être une forteresse imprenable.

Ce contentement de l’âme qu’est la piété s’obtient par une certaine éducation spirituelle. Or, ce n’est pas dans le corps que se trouve la voie de la réforme de l’âme ; de même que ce n’est pas dans l’âme que se situe la clé de la mise en forme du corps. En d’autres termes, s’abstenir au moins de boire et de manger pendant un temps déterminé entraînera nécessairement une modification de l’état du corps. L’effet d’une telle abstinence sur l’âme est moindre. Car, le corps jeûne pour lui-même et non pour l’âme.

Dans ce cas, pour que l’âme puisse connaître une meilleure modification de son état, elle doit, en même temps que le corps s’abstient de s’alimenter, s’exercer à purifier son intention.

Chaque organe du corps, chaque potentialité de l’âme constituent autant de biens pour l’usage desquels les humains seront jugés. Si la langue a été placée derrière ces deux barrières que sont les dents et les lèvres, c’est certainement pour permettre à l’être humain de mieux la maîtriser. Il en est de même pour les yeux et les oreilles qu’il peut fermer au besoin…

Le musulman doit comprendre qu’il ne sert à rien de faire jeûner son appareil digestif pendant que sa langue, ses yeux, ses oreilles, ses idées déjeunent avec un appétit de cannibale en prononçant, regardant, écoutant et pensant aux choses qui empêchent la purification de l’âme.

Ce Ramadan est peut-être le dernier de l'un de nous. Il nous reste à peine deux semaines. Gagnons en grandeur. Élevons-nous spirituellement. Ne considérons pas l'abstinence physiologique (le fait de ne pas s’alimenter) comme le plus grand effort. Mais, faisons jeûner notre âme et ce qu'elle contient (nos idées, notre intention). Gardons le sourire, restons calme quand bien même les turbulences sont très vives. De toutes les façons, aucune turbulence en cette vie n’est plus forte que la traversée du pont Sirate.

Dr. MASSIMA LOUWOUNGOU إبراهيم   Extrait des Méditations quraniques.