Résumé
La tradition philosophique initiée, entre autres, par Platon et ayant jalonné toute l’histoire de la philosophie et même celle de la théologie aborde la question de l’âme et du corps sous le rapport « sujet »/« objet » avec pour pendant les termes d’« action/activité » et de « passion/passivité », de telle sorte que l’âme, réalité immatérielle ne connaîtrait son salut que lorsqu’elle cesserait d’être ce dont le corps se sert, son objet. L’ustensilité, la passivité de l’âme au profit du corps conduit à poser celui-ci comme le « tombeau », la « caverne », autrement dit la prison de l’âme. La contribution qu’on va lire pose d’abord, à nouveau frais, la place du corps chez Platon pour lire l’impasse non plus dans l’emprisonnement de l’âme par le corps au sens où il constitue un obstacle à son élévation, mais dans l’incapacité qu’a la pensée de comprendre la réalité corporelle. Il s’agit de montrer que chez Platon, le corps constitue déjà un défi à la pensée qui tente mais ne parvient pas à le comprendre. En cela, le corps est le tombeau de la pensée. Pour renchérir cette thèse, nous verrons par la suite avec Descartes cet aveux d’impuissance de la pensée philosophique. L’analyse soulignera enfin la prudence, l’audace et l’originalité de Spinoza sur cette question.